Face aux dérèglements climatiques et à la pollution plastique, chaque geste compte. Les bioplastiques s’invitent dans le débat comme une piste crédible pour alléger l’empreinte du plastique. Mais leur essor ne doit pas faire oublier la priorité absolue : produire moins et réemployer plus.

Choisir en connaissance de cause : les familles de bioplastiques et l’usage responsable

Derrière le mot « bioplastiques » coexistent trois grandes familles : des plastiques biosourcés non biodégradables, des plastiques biodégradables d’origine pétrochimique, et des matériaux à la fois biosourcés et biodégradables, tels que le PLA (acide polylactique) ou les PHA (polyhydroxyalcanoates).

En France, seul ce dernier groupe est qualifié de « bioplastiques ». Ces nuances changent tout pour la fin de vie : beaucoup d’articles biodégradables ne se décomposent correctement qu’en compostage industriel.

Réflexes utiles : privilégier d’abord la réutilisation, vérifier les mentions de compostabilité, déposer ces matières dans la filière adéquate (pas avec les plastiques classiques) et s’informer auprès de sa collectivité sur les points de collecte. Chaque achat peut soutenir les acteurs transparents et engagés dans l’écoconception.

Passer à l’échelle sans perdre le cap de la sobriété

La production mondiale de plastique est passée de 15 millions de tonnes en 1964 à 348 millions de tonnes en 2017. Les emballages pèsent près de 25 %. Sur l’ensemble, 9 % seulement ont été recyclés, 12 % incinérés et près de 80 % se sont accumulés dans la nature ou en décharge.

Dans ce contexte, les bioplastiques gagnent du terrain : en 2024, leur marché dépasse les 7 milliards de dollars, avec des perspectives proches de 20 milliards d’ici à 2033. La production mondiale est estimée en 2024 à 2,11 millions de tonnes (moins de 1 % des plastiques), avec un potentiel de 3,95 millions de tonnes d’ici 2028. L’Europe pousse l’innovation, et des groupes comme Coca-Cola, Danone ou Lego investissent ; Lego vise un passage exclusif aux bioplastiques d’ici à 2030.

À notre échelle : réduire les usages jetables, choisir des systèmes avec consigne et réemploi, encourager les marques qui publient des données d’impact et questionner les distributeurs sur la fin de vie des matériaux.

Lever les freins et soutenir l’innovation utile

Des obstacles demeurent : un coût de production en moyenne deux fois plus élevé que celui des plastiques pétrosourcés, la nécessité du compostage industriel pour une majorité de références, des infrastructures encore rares et des erreurs de tri qui mènent à l’incinération ou à l’enfouissement.

Côté ressources, l’occupation des terres reste aujourd’hui inférieure à 0,02 %, mais une croissance rapide pourrait entrer en tension avec les cultures vivrières.

Des pistes prometteuses émergent : valorisation des déchets organiques et des sous-produits agricoles, algues tropicales (Sea6 Energy, soutenue par BASF, et le projet Seabioplas porté par l’Union européenne), et même des bactéries comme les platisphères à l’étude pour la dégradation. L’augmentation des volumes et les gains procédés, dans un contexte de prix du pétrole fluctuant, peuvent améliorer la compétitivité.

Agir maintenant, c’est d’abord alléger notre consommation, préférer le réemploi, trier correctement et demander à nos élus des filières de compostage et de recyclage adaptées. En soutenant les innovations pertinentes et des règles ambitieuses, nous pouvons faire basculer le marché vers des solutions qui respectent les limites planétaires—et prouver qu’une économie plus circulaire naît de la rencontre entre sobriété, technologies utiles et engagement citoyen.